Finissons en avec les préliminaires et attaquons-nous enfin au contenu. Tout d'abord pour débuter une lecture sereine, il conviendra d'arracher les trois premières pages qui constituent la désagréable et suffisante préface.
Enfin, on peut lire Hector Chadwick ou qui que ce soit, un garçon plutôt agréable, intelligent qui a pensé sa magie, qui a réfléchi à chaque geste, à chaque mot, chaque justification. Les tours sont généralement simples, pas toujours nouveaux mais empreint de réflexions créatives.

A la lecture de ce livre, je me rends compte que l'appréciation qu'on lui porte dépend aussi de sa culture magique. Un débutant en mentalisme qui aura peu lu, sera sans aucun doute révolutionné par les idées apportées par l'auteur. Un lecteur ayant plus de références restera sur sa faim. Et c'est aussi cela que l'on doit garder à l'esprit pour porter un jugement sur l'œuvre. Si vous avez lu, les auteurs cités comme Annemann, Banachek ou bien Maven, vous découvrirez moins que si vous ne les aviez jamais lu.

Maintenant je vais me permettre de vous citer un extrait de la publicité de ce livre qui met en avant trois routines :
- Son approche du principe de "l'équivoque" est tout simplement géniale...
- Sa version de Q&A frise la perfection : le mentaliste devine les pensées de toute une assistance !
- Sa présentation de "pseudo psychométrie" est moderne, originale et efficace...

Ce sont exactement les trois qui ont retenues mon attention et qui donnent toute la valeur du livre, le reste est soit moins bon soit trop succinct.

Pour moi la routine qui marquera ce livre est la première Les clés, le magicien va identifier chaque propriétaire en analysant des clés, sauf logiquement pour le dernier trousseau, il va essayer de deviner sans les voir les clés du dernier spectateur. Cette routine sera l'occasion de mettre en pratique les théories sur les prises de risque si chères à l'auteur et à son mentor Derren Brown. Ce sera aussi l'occasion de faire du cold reading et pour l'auteur de donner de précieux conseils.

Un signe en passant est une petite arme vous permettant de faire une révélation sur scène. D'une part il faut travailler sur scène, d'autre part si vous connaissez le travail de Dunninger, vous n'apprendrez pas grand chose.

Le jeu de l'avion en papier, ici on attaque un paradoxe amusant. L'idée d'origine nous la devons à Max Maven, celui-ci ne fait pas un tour de cette idée mais l'utilise pour créer un miracle, si les conditions sont réunies. Opinion que partage Derren Brown que nous citions, avec la prise de risque et la réalisation de miracle, il préfère abandonner un effet que de s'essayer à l'exercice des sorties multiples. Chadwick fait exactement le contraire de ce qu'enseigne son ami.

Le jeu de l'avion en papier : Mach 2, une routine qui peut suivre la précédente et qui ne m'a pas emballé.

Vient ensuite la partie cartes, avec une réflexion et deux routines Du rouge et du noir et En retard d'une carte. Deux routines intéressantes mais sans plus bien que ma préférence aille à la seconde qui me semble plus dans l'esprit du mentalisme et de cette fameuse prise de risque.

Autre partie controversée, l'équivoque qui débute par des réflexions, suivies de deux routines pour finir sur d'autres idées et réflexions. L'équivoque à deux a été critiquée par des personnes n'y voyant rien de nouveau par rapport au travail de Maven pour ne citer que lui. Ce en quoi je ne suis absolument pas d'accord. Au contraire, j'y vois un vrai apport, sur le plan théorique et pratique. Des instructions claires et une prédiction subtile mais malheureusement pas de l'auteur. Enfin !!! Je lis du nouveau au sujet de l'équivoque.
Réactions positives donc mais malheureusement trop vite nuancées par Friandises, la routine faisant suite et dans laquelle le magicien élimine en mangeant les petits bonbons désignés par le spectateur. Si la théorie est intéressante, le support laisse perplexe bien qu'il se justifie en théorie. La disparition de l'objet écarté voilà ce qui est en jeu, le fait de les manger a pour but de les faire disparaître oui mais du coup les instructions sont beaucoup moins nettes et on retombe selon moi dans les travers de l'équivoque, donc pas convaincu par cette routine.

La prophétie de Gregynog ne conviendra pas à tout le monde mais propose des pistes à explorer et à le mérite d'aborder un sujet si ce n'est nouveau en tout cas peu développé dans la littérature magique.

Prenez une engagement, courte thèse sur la justification apportée à l'écriture d'une chose pensée. C'est vrai que sept phrases c'est court, trop juste pour une thèse, encore trop juste pour un essai, idée conviendrait mieux. C'est donc court et donc pas convaincant.

Aimantête, une approche amusante d'un effet physique.

Et finalement le JLQ&A de Chadwick, routine dans laquelle on comprend toute la réflexion de l'auteur, son sens du détail, mais 27 pages, c'est long très long, pour le coup on a envie qu'on nous épargne les détails. Contradiction encore alors que certaine réflexions méritaient d'être développées. Sentiment de longueur certainement accentuée par le fait que le livre ne comprend qu'en tout est pour tout, seulement deux illustrations.

Au final donc un sentiment mitigé, ce n'est pas le livre que l'on nous avait vanté et en ce sens toute la publicité a desservi ce livre en créant des attentes inutiles. L'auteur nous explique que ce livre est l'évolution de son travail, qui de papiers reliés est finalement parvenu à nous sous forme de livre. Mais amputé d'une routine dont il a cédé les droits. On ne peut qu'imaginer que cette routine devait être extraordinaire pour être achetée. Du coup ne se prive-t'on pas de la vraie touche de génie de Chadwick ? Nous ne le saurons sans doute jamais.

Mitigé donc car j'y ai découvert du bon comme du moins bon, du nouveau comme de l'ancien, des apports et des contradictions. Mais dans tous les cas une vraie réflexion ce qui est loin d'être le cas parmi les auteurs travaillant sur le mentalisme. Alors non, ce n'est selon moi pas le livre de l'année, Il n'en reste pas moins un bon livre que l'on prend plaisir à lire.