De passage aux
Pays-Bas, Max Maven a donné une représentation unique le mercredi 19 avril 2006 au Magic
Art Center.
L'annonce du spectacle a été faite un peu
plus d'une semaine à l'avance, mais il n'a fallu que quelques jours pour que les 70
places trouvent acquéreurs. Le milieu magique représente l'essentiel des spectateurs,
des magiciens Néerlandais mais aussi Belges qui ont fait plusieurs heures de route pour
assister à cette venue. Parmi cette audience, on peut voir un grand nom de la magie,
monsieur Tommy Wonder venu pour assister à la représentation donnée par son ami Max
Maven.
Le public commence à s'impatienter de voir le mentaliste à l'uvre, on attend les
derniers retardataires et soudain, la salle est plongée dans l'obscurité, le rideau
s'ouvre et une lumière douce éclaire Max Maven assis l'air songeur.
" Il était une fois " annonce le magicien d'un ton solennel, puis il ajoute
plus sur le ton de la confidence qu'on a jamais trouvé de meilleure introduction.
Une pièce est empruntée à une dame dans le public, Max Maven, la pose
sur une petite table qui se trouve sur le côté devant la scène, il met la pièce sur la
tranche, la fait tourner et avant qu'elle ne tombe, la couvre d'un gobelet opaque, ce
dernier étant enfermé dans une boîte en plexiglas, elle-même cadenassée. De cette
façon personne ne peut savoir si la pièce est côté pile ou face. S'adressant à une
personne dans le public, il demande ce qu'il pense de ce tour, C'est vrai que le tour
n'est pas impressionnant, car au fond il ne s'agit que d'une chance sur deux. Alors pour
rendre l'enjeu plus important, Max Maven propose de jouer sa carrière, s'il ne peut
prédire le côté qui sera face en l'air, alors il mettra un terme à sa carrière et ce
dès ce soir.
Mais pour le moment la pièce est laissée de côté et comme on parlait de statistiques,
le magicien se remémore une personne, commence un monologue, ponctué d'anecdotes qui
font rire l'assemblée, puis viennent les premiers tours. Une personne nomme une carte, le
magicien prend un jeu qu'il mélange et éventaille avant de poser son doigt sur le début
de l'éventail. Il demande à une deuxième personne de dire stop lorsqu'il le voudra,
alors qu'il déplacera son doigt sur le jeu. Au stop, une carte est désignée par son
doigt, elle est extraite du jeu, c'est la carte choisie par le premier spectateur.
Régulièrement Max Maven fait allusion à la pièce mais en repoussant l'échéance de
la révélation à plus tard, continuant de narrer son histoire. Une spectatrice monte sur
scène, elle va participer à un tour mais sans rien voir de ce qui se passe car le
magicien se tient derrière elle. Il tient un jeu de cartes derrière elle, puis sort une
carte avec un tarot différent pour l'inclure dans le jeu, elle annonce le nom d'une
carte, il lui montre le jeu mais les spectateurs ne voient pas vraiment ce que le magicien
désigne, elle acquiesce puis le jeu est remis derrière elle et la carte avec le tarot
différent est retournée, c'est la carte nommée, la spectatrice ne sais pas pourquoi les
gens applaudissent car elle n'a jamais vu cette carte différente, elle ne sait rien de ce
qui s'est joué dans son dos, pas plus que les spectateurs ne savent ce que le mentaliste
lui a exactement montré dans le jeu. Drôle de routine, dans laquelle chacun repart avec
une part du mystère sans savoir au juste ce qui s'est vraiment passé.
Autre classique, celui du cadenas avec plusieurs clés mais dont une seule peut
l'ouvrir, cette fois la présentation est radicalement différente, cinq spectateurs sont
invités sur scène et après toutes les vérifications d'usages, choisissent une clé à
tour de rôle. Tous les cinq sont assis et le mentaliste leur explique, qu'un seul
possède la bonne clé et que ce sont eux et seulement eux qui peuvent déterminer quel
est celui qui la détient. A un moment, un d'entre eux ressentira quelque chose, une
sensation qui fera qu'il se lèvera pour essayer sa clé. Au bout de quelques temps et
d'hésitations, un homme se lève se dirige vers le cadenas, introduit sa clé qui
l'ouvre. Non seulement la présentation est originale mais surtout, qui peut comprendre ce
qui s'est passé dans la tête de chaque spectateur ? La responsabilité qui pesait sur
leurs épaules et le sentiment qui s'est produit pour qu'un finalement prenne la décision
de se lever avec toute la pression et la responsabilité que cela suppose et quel souvenir
mystérieux en gardera-t'il ? Comment chacun d'entre-eux a-t'il vécu cette expérience ?
Pour le dernier tour, deux spectatrices montent sur scène emportant avec elles leur
sac à main qu'elles déposent sur des chaises.
Elles posent sur les yeux du mentaliste des demi dollars fixés par du ruban adhésif,
avant que le reste de son visage ne soit barré lui aussi par du ruban adhésif, le
rendant totalement aveugle.
De cette manière, on comprend mal comment il pourrait encore voir ce qui
se passe sur scène.
La première spectatrice va prendre un objet qui se trouve dans son sac et Max Maven,
va donner des détails sur sa composition, son fonctionnement, en incluant dans chaque
révélation une touche comique. L'autre spectatrice donnera un billet dont il découvrira
la valeur mais surtout le numéro de série et dont la dernière lettre sera annoncée
d'une manière aussi surprenante que drôle. On a la sentiment que le spectacle
s'accélère, les révélations s'enchaînent, de plus en plus précises, de plus en plus
nombreuses, comme le bouquet final d'un feu d'artifice qui se termine en apothéose.
Une dernière révélation, celle d'un dessin fait les yeux bandés qui ressemble à
celui d'un membre du public, la représentation se termine sous un tonnerre
d'applaudissements, la salle conquise se lève. Les deux fois 45 minutes semblent
s'achever prématurément, on aurait tant aimé continuer ce voyage dans l'univers de Max
Maven.
Peu de tours finalement (tous ne sont pas décrits), de la magie relativement classique
pour cette discipline mais une présentation originale qui laisse pour tous les
participants et les spectateurs des zones d'ombres, des passages inexpliqués, des
souvenirs qu'ils emporteront avec eux. Beaucoup de comédie à la manière d'un one man
show, un véritable talent de comédien, une vraie mise en scène des textes intelligents
et plein d'humour qui font à coup sûr réagir le public. Il faut bien avouer que même
avec de bonnes notions d'Anglais, il est difficile d'apprécier tous les jeux de mots,
fautes de références culturelles et linguistiques. Max Maven a réussi sa mission, celle
de nous entraîner, de nous immerger dans son univers mystérieux, de nous faire quitter
la réalité et d'avoir accélérer le temps.
Les premiers spectateurs s'en vont alors que d'autres décident de prolonger la soirée
au bar discutant de magie. Max Maven, se promène parmi les personnes présentes pour
venir saluer des connaissances et dédicacer les livres qu'on lui tend. De mon côté, je
cherche du regard Tommy Wonder qui m'avait invité à le rejoindre à la fin du spectacle,
il me signe gentiment un autographe, nous parlons du spectacle et de sa magie. Peut-on
rêver mieux pour terminer cette soirée que de pouvoir s'entretenir avec un si grand
magicien.
La soirée touche à sa fin, la salle se vide de plus en plus, il est temps pour moi de
m'approcher de Max Maven pour lui faire dédicacer mes livres et en profiter pour lui
poser quelques questions. Je vais les chercher mes et je trouve un endroit un peu à
l'écart où je pourrais lui poser mes questions sans que nous soyons dérangés. En lui
tendant, le livre Prisme, je lui demande :
Olivier Nicoleau : Avec l'expérience, pensez-vous que vous auriez-pu commencer
votre carrière par le mentalisme ?
Max Maven : Non et je ne pense pas non plus qu'il y a même cinq ans,
j'aurais pu faire le spectacle de ce soir. Il faut du temps et de l'expérience avant de
se lancer dans cette discipline. Comme tout le monde, j'ai commencé par les cartes et les
boules de billard ainsi que d'autres petites choses, car ce sont les bases de la magie,
mais je me suis toujours intéressé au mentalisme et je ne perdais jamais une occasion de
lire tout ce que je trouvais à ce sujet. Avec les bases de magie générale, avec
l'expérience, je me suis construit mon personnage et j'ai pu abordé le mentalisme. Par
expérience, j'entends celle de la magie et du spectacle mais celle aussi de l'âge, il
faut une certaine maturité pour être crédible dans cette discipline.
O. N. : (en lui tendant le Very Best of Phil Goldstein) Vous avez changé de
nom au cours de votre carrière, était-ce pour vous démarquer du monde du close-up, lors
de votre passage au mentalisme ?
M. M. : Non pas du tout, en fait Phil est un prénom très courant aux
Etats-Unis et dans une moindre mesure Goldstein est aussi courant mais c'est surtout un
nom qui ne se retient pas bien pour le public, lorsque j'ai décidé de devenir
professionnel, j'ai voulu un nom dont les gens se souviendrait, un nom qui marquerait plus
les esprits, c'est ainsi que je suis parvenu à mon de nom de scène actuel.
Mais pour le monde de la magie, j'ai continué à publier sous le nom de Goldstein,
d'ailleurs ce livre (Prisme), je ne sais pas si on peut le voir (il ouvre le livre pour
essayer de trouver les visuels des couvertures originales mais elles ne figurent pas
dedans.), les couvertures d'origines ne sont pas représentées, mais chaque livre a été
publié sous le nom de Phil Goldstein, alors qu'il s'agit de mentalisme. En fait, c'est
seulement depuis quelques années que j'ai définitivement abandonné le nom de Phil
Goldstein même pour me écrits magiques et que je ne signe plus que sous le nom de Max
Maven. Mais je ne renie pas cette période d'ailleurs je continue de faire des tours et de
m'entraîner.
O. N. : Dans ce livre (Very Best of) on trouve essentiellement des tours de
petits paquets, y a t'il une raison particulière pour laquelle vous ayez choisit les
petits paquets ?
M. M. : Effectivement, je trouve que les tours de petits paquets sont
plus élégants. Je ne sais pas ce qui compose ce livre mais à l'époque, j'avais sorti
un livre qui s'appelait Focus et qui contenait 16 routines de petits paquets. Le titre
résume bien l'esprit que je voulais donner à mes tours. Un petit nombre de cartes permet
aux spectateurs de bien suivre ce qui se passe et de se concentrer uniquement sur les
cartes importantes pour le tour, d'aller à l'essentiel et comme je disais, il y a une
forme d'élégance que j'apprécie dans les tours de petits paquets.
O. N. : Avez-vous déjà été tenté par la bizarre magie ?
M. M. : Non car il faut des talents de comédien.
O. N. : Après vous avoir vu sur scène, il est évident que vous avez ces
talents de comédien.
M. M. : C'est une autre forme de comédie, plus basé sur le conte,
sur l'atmosphère, l'esprit n'est pas le même non plus. L'endroit pour se produire doit
être approprié, Il y a peu de personnes qui ont travaillé sur ce sujet et encore moins
qui le maîtrisent. Même si je m'intéresse à ce qui se fait, ce n'est pas une magie que
je compte pratiquer.
Nous échangeons ensuite quelques mots, difficile de retenir plus longtemps quelqu'un
de si sollicité. Je le remercie pour sa gentillesse et le laisse prendre congé des
derniers invités avant qu'il n'aille dans sa loge pour se changer. Un peu plus tard, il
reviendra pour dire au revoir une dernière fois, demain matin il repart vers la
Californie.
Ah ! mais j'allais oublié, qu'en est-il de la pièce et de l'enjeu de ce soir...
Ca je vous laisse le découvrir en allant voir le spectacle de Max Maven.
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